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Ils pourront couper toutes les fleurs...

Ils pourront couper toutes les fleurs...

Youss Atacora, Moufouli Bello, Stéphane Brabant, Daavo, Marius Dansou, Christian Etongo, Senami Donoumassou, Doto, Eric Mededa, Sophie Negrier, Remy Ramuz,Sika Da Silveira, Stone, Sarah Trouche, Kiffouly Youchaou & Mounia Youssef

06.10.2018 - 19:00 > 06.10.2018 - 0:00

L'Institut Français de Cotonou, en collaboration avec Le Centre

Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront pas la venue du printemps..
Avec Youss Atacora, Moufouli Bello, Stéphane Brabant, Daavo, Marius Dansou, Christian Etongo, Senami Donoumassou, Doto, Eric Mededa, Sophie Negrier, Remy Ramuz,Sika Da Silveira, Stone, Sarah Trouche, Kiffouly Youchaou & Mounia Youssef.

Grande saison sèche. Grande saison des pluies. Petite saison sèche. Petite saison des pluies.

Il n’y a pas de printemps au Bénin.

Le continent est pourtant régulièrement analysé au prisme de cette saison : « Le printemps africain », en référence à la série d’expositions qui avait pour focus les productions artistiques issues du continent en 2017, « Les printemps arabes », en échos aux mouvements de contestations qui ont touchés, de nombreux pays du nord du continent.

Ce point met inéluctablement en tension la notion d’altérité, et ouvre un ensemble de pistes réflexives.

Au delà de références climatiques qui n’ont pas toujours de réalités en Afrique,

Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps est un slogan qui porte de grandes potentialités métaphoriques, poétiques et politiques. Il met également en lumière une dimension de résilience qui apparaît comme la seule voie possible pour envisager le futur.

Edouard Glissant a écrit « L’utopie est le seul moyen de dénouer les nœuds des impossibles »[1], son œuvre est une invitation perpétuelle à aimer et penser la poésie du Tout-monde.

Résilience.

Chaque révolte, chaque contestation est à célébrer lorsque celle-ci est animée d’une volonté irrépressible de reconnaissances des droits des êtres sans distinction de couleurs de peau, de religions, de classes sociales ou de genres.

Tandis que certains considèrent mai 68 comme un échec, d’autres tendent à ériger cet événement comme un mythe. Du déni au fantasme, la pensée de la complexité d’Edgar Morin[2] voit en cet événement une « brèche » : un interstice par lequel de nouvelles idées et valeurs ont intégré progressivement la société. Volonté d’affronter le pouvoir collectivement, irruption de la jeunesse comme acteur politique incontournable et libération de la parole sont au cœur de mai 68. Débats, échanges virulents, les mots ont également pris corps dans l’espace public. (Ré)utilisés au fil des revendications et des manifestations, de ces cinquante dernières années, les slogans de mai 1968 ont eu un impact important tant ils ont marqué la mémoire et les imaginaires de nombreuses personnes, stimulé l’action collective et insuffler de la force aux utopies proposées.

Afrique. Amérique. Asie. Europe.

Il n’y a aucune hiérarchie entre les différents soulèvements populaires, dans cette lutte des peuples face aux oppresseurs. Il y a évidemment des singularités, des paradoxes, des limites, des nuances,des réussites et des échecs. Néanmoins, seule compte, cette énergie qui porte, la parole prise, arrachée. Lorsque des voix dissonantes se font entendre et entrent en relation, c’est à cet instant que s’ouvre le champs des possibles.

« Pas plus que prendre conscience, prendre la parole n’est une occupation effective ou la saisie d’un pouvoir. En dénonçant un manque, la parole renvoie à un travail. Elle est, par excellence, une action symbolique, révélatrice d’une tâche qui intéresse aujourd’hui la totalité de notre système. La croire efficace par elle-même, ce serait la prendre pour une chose et, par une sorte de magie, prétendre enchaîner les forces avec des mots, substituer des palabres au travail. Conclure de là qu’elle est insignifiante, ce serait perdre sens, remplacer par un mécanisme un système de relations et supposer finalement qu’une société peut fonctionner sans l’homme.»[3]

________________________________

[1] Voir. Edouard Glissant & Patrick Chamoiseau, L'Intraitable Beauté du monde. Adresse à BarackObama (Galaade, 2009).

[2] Voir. Morin, Lefort, Castoriadis, Mai 68 : la brèche suivi de Vingt ans après (Complexe, 1988).

[3] Michel de Certeau, La prise de parole et autres écrits politiques (Seuil, 1994)

Ils pourront couper toutes les fleurs...

Youss Atacora, Moufouli Bello, Stéphane Brabant, Daavo, Marius Dansou, Christian Etongo, Senami Donoumassou, Doto, Eric Mededa, Sophie Negrier, Remy Ramuz,Sika Da Silveira, Stone, Sarah Trouche, Kiffouly Youchaou & Mounia Youssef

06.10.2018 - 19:00 > 06.10.2018 - 0:00
Ils pourront couper toutes les fleurs...

L'Institut Français de Cotonou, en collaboration avec Le Centre

Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n'empêcheront pas la venue du printemps..
Avec Youss Atacora, Moufouli Bello, Stéphane Brabant, Daavo, Marius Dansou, Christian Etongo, Senami Donoumassou, Doto, Eric Mededa, Sophie Negrier, Remy Ramuz,Sika Da Silveira, Stone, Sarah Trouche, Kiffouly Youchaou & Mounia Youssef.

Grande saison sèche. Grande saison des pluies. Petite saison sèche. Petite saison des pluies.

Il n’y a pas de printemps au Bénin.

Le continent est pourtant régulièrement analysé au prisme de cette saison : « Le printemps africain », en référence à la série d’expositions qui avait pour focus les productions artistiques issues du continent en 2017, « Les printemps arabes », en échos aux mouvements de contestations qui ont touchés, de nombreux pays du nord du continent.

Ce point met inéluctablement en tension la notion d’altérité, et ouvre un ensemble de pistes réflexives.

Au delà de références climatiques qui n’ont pas toujours de réalités en Afrique,

Ils pourront couper toutes les fleurs, ils n’empêcheront pas la venue du printemps est un slogan qui porte de grandes potentialités métaphoriques, poétiques et politiques. Il met également en lumière une dimension de résilience qui apparaît comme la seule voie possible pour envisager le futur.

Edouard Glissant a écrit « L’utopie est le seul moyen de dénouer les nœuds des impossibles »[1], son œuvre est une invitation perpétuelle à aimer et penser la poésie du Tout-monde.

Résilience.

Chaque révolte, chaque contestation est à célébrer lorsque celle-ci est animée d’une volonté irrépressible de reconnaissances des droits des êtres sans distinction de couleurs de peau, de religions, de classes sociales ou de genres.

Tandis que certains considèrent mai 68 comme un échec, d’autres tendent à ériger cet événement comme un mythe. Du déni au fantasme, la pensée de la complexité d’Edgar Morin[2] voit en cet événement une « brèche » : un interstice par lequel de nouvelles idées et valeurs ont intégré progressivement la société. Volonté d’affronter le pouvoir collectivement, irruption de la jeunesse comme acteur politique incontournable et libération de la parole sont au cœur de mai 68. Débats, échanges virulents, les mots ont également pris corps dans l’espace public. (Ré)utilisés au fil des revendications et des manifestations, de ces cinquante dernières années, les slogans de mai 1968 ont eu un impact important tant ils ont marqué la mémoire et les imaginaires de nombreuses personnes, stimulé l’action collective et insuffler de la force aux utopies proposées.

Afrique. Amérique. Asie. Europe.

Il n’y a aucune hiérarchie entre les différents soulèvements populaires, dans cette lutte des peuples face aux oppresseurs. Il y a évidemment des singularités, des paradoxes, des limites, des nuances,des réussites et des échecs. Néanmoins, seule compte, cette énergie qui porte, la parole prise, arrachée. Lorsque des voix dissonantes se font entendre et entrent en relation, c’est à cet instant que s’ouvre le champs des possibles.

« Pas plus que prendre conscience, prendre la parole n’est une occupation effective ou la saisie d’un pouvoir. En dénonçant un manque, la parole renvoie à un travail. Elle est, par excellence, une action symbolique, révélatrice d’une tâche qui intéresse aujourd’hui la totalité de notre système. La croire efficace par elle-même, ce serait la prendre pour une chose et, par une sorte de magie, prétendre enchaîner les forces avec des mots, substituer des palabres au travail. Conclure de là qu’elle est insignifiante, ce serait perdre sens, remplacer par un mécanisme un système de relations et supposer finalement qu’une société peut fonctionner sans l’homme.»[3]

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[1] Voir. Edouard Glissant & Patrick Chamoiseau, L'Intraitable Beauté du monde. Adresse à BarackObama (Galaade, 2009).

[2] Voir. Morin, Lefort, Castoriadis, Mai 68 : la brèche suivi de Vingt ans après (Complexe, 1988).

[3] Michel de Certeau, La prise de parole et autres écrits politiques (Seuil, 1994)